Au Moyen-Âge, les hommes ont investi les grottes de Jonas
Le site troglodyte de Jonas, construit dans la roche volcanique, près du Sancy, a abrité jusqu’à 600 villageois en même temps, durant la période médiévale. Ces grottes, très structurées à l’époque et bien conservées aujourd’hui, sont un lieu d’exception en Auvergne.
Creusé dans le tuf (roche) volcanique, le site troglodyte de Jonas, situé sur la commune de Saint-Pierre-Colamine (Puy-de-Dôme), a vu défiler des générations d’hommes, du Xe au XVe siècle, en pleine période médiévale.
Les Celtes ont sans doute fait un passage par ces grottes couleur rouge sang, vers 400 av. J.-C. Mais les premiers à s’installer durablement à 850 mètres d’altitude, avec une vue remarquable sur la vallée de la Couze Pavin, sont des moines. Les religieux ont certainement apprécié l’endroit en hauteur, reculé de toute habitation et facile à aménager, avec une construction à moindre coût grâce à cette roche friable et compacte.
Un labyrinthe dans la falaise
Au centre des grottes, les hommes ont construit une chapelle composée de sept colonnes, d’espaces de rangement, d’une sacristie, d’un autel et même de bancs pour s’asseoir. Au-dessus de nos têtes, on devine les traces de l’ancien clocher. Et à l’entrée, le vestige le plus impressionnant de la visite par sa conservation et son ampleur : une grande fresque représentant la Passion du Christ peinte avec de l’ocre et de l’argile plonge le visiteur un millénaire plus tôt.
C’est à partir du XIIIe siècle que le site, devenu laïc, va vraiment évoluer vers un village structuré, qui accueillera à son apogée plus de 600 habitants répartis dans une soixantaine d’habitations sur cinq niveaux : un labyrinthe dans la falaise.
À cette époque, les chevaliers qui vivaient dans l’entourage de leur seigneur, s’installent sur les domaines dont ils sont bénéficiaires pour y établir des manoirs. Les villageois plus modestes investissent le Nord de la falaise alors que la famille de Jonas, qui a donné son nom au site, s’installe dans la maison forte creusée dans le tuf volcanique, la plus majestueuse des habitations troglodytes, à l’Est.
Four à pain, latrines et cheminées
Ce château composé de deux escaliers en colimaçon a tout d’un lieu seigneurial : des latrines et lavabos, des cheminées, deux bouches d’aération pour éviter la condensation dans la chambre, un grenier où sont stockées les réserves, et au sommet, une bretèche : la zone de défense. Cet espace, juste au-dessus de la chambre de Jonas, est encore marqué par les trous creusés dans la roche qui accueillaient un stock de pierres et de flèches.
Dehors, on cultive des céréales dans les prairies, on élève chèvres, moutons, bœufs pour se nourrir. L’eau était captée des prairies situées au-dessus des grottes, les hommes avaient créé tout un système de canalisation pour la récupérer.
Autre symbole de cette vie en communauté, la boulangerie et son four à pain, encore visible de nos jours. Les familles venaient elles-mêmes faire leur pain, la nourriture de base. Les cendres étaient ensuite récupérées pour blanchir la lessive. Les habitants avaient aussi créé un mouroir, isolé du village et recouvert de chaux pour ses propriétés antiseptiques. Les épidémies de peste ou de lèpre sont omniprésentes au Moyen-Âge.
Finalement, après les guerres de religion, les grottes de Jonas sont abandonnées : les villageois sont redescendus dans la vallée. L’eau manquait sur place et la distance rendait la vie difficile.
Source : La Montagne